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Montagnes Zagros (nomades)

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Si ce n’est déjà fait pensez à aller voir les préparatifs avant voyage et le Bilan avec des réflexions post aventure ! Vous y trouverez également des infos pratiques

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Nous arrivons maintenant à un moment très fort du voyage: notre excursion dans les montagnes Zagros à la rencontre des nomades Bakhtiaris, cette minorité d’Iran (ils seraient entre 1 million et 1 million 500, dont beaucoup sédentarisés).

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un peu de route, tout d’abord pour remonter depuis Yazd vers Ispahan:

26 mai

Voilà une journée passée sur la route, 350km , 7h direction Isfahan depuis Yazd. Journée harassante je ne peux plus m asseoir, j ai les fesses en compote 😖
Nous avions 2 possibilités : la voie rapide, belle route, rapide, mais monotone et sans intérêt, ou une petite route, plus longue en temps, à l état incertain (d autant qu elle passe par la zone que nous avons dû éviter en venant à cause des dégâts d une grosse pluie, mais on nous avait dit qu à moto ça passait). Ceux qui nous connaissent le savent nous avons choisi l’option 2! Au début nickel, belle route, peu de circulation, jolies vues. Puis plus de goudron, nous voilà en pleine zone désertique sur des graviers, et des bosses. Nous ralentissons mais tout va bien. Personne à l horizon, mais au bout d un moment une voiture arrive derrière, nous nous serrons pour la laisser passer, mais elle vient à notre hauteur pour nous parler: 1 ou 2 mots d anglais et des signes, nous comprenons que plus loin il y a un passage difficile, ils vont nous suivre pour être là si besoin ! Whaou encore et toujours, quelle prévenance 😍❤️. La famille nous a escortés ainsi une bonne heure, le temps de retrouver le goudron, ils se sont même arrêtés avec nous pour voir un caravansérail. Ils ont du perdre pas mal de temps car nous ne pouvions pas aller aussi vite qu’une voiture… A un moment spécialement sablonneux, nous avons glissé et nous sommes renversés avec la moto (ça nous arrive souvent dans le sable haha!) aussitôt ils m ont dit de venir avec eux dans la voiture pour qu’Antony ait moins de mal seul ! Effectivement il y avait un passage avec la route carrément coupée ! A moto finalement ça va, mais en voiture je n’aurais pas cru qu ils passent ! Ils ne parlaient pas anglais mais la jeune femme savait dire « love France » 😊 trop mimi.
Pour bien terminer tout ça, nous avons tourné 1h dans la ville à la recherche d’un hôtel. On devait aller dans un homestay mais on arrivait pas à confirmer la résa et n’avions pas l’adresse, du coup on est allés à une première adresse qu on avait repérée, fermé ! La seconde fut la bonne, même si un poil hors budget, mais je ne pouvais plus supporter de rester plus sur cette selle, j’avais envie de crier mon mal au derrière! Nous sommes au joli Mah bibi hôtel, chambre à 25€. Nous nous reposons cette nuit et repartons demain matin.

Le jour suivant, encore un peu de route pour atteindre les montagnes.

27 mai.

Il faut que je vous explique ce que nous allons faire les jours à venir.
Il y a des mois de ça on m a donné le nom d un village perdu dans les montagnes, « Sar Agha Seyed »  j ai cherché sur Google et n ai trouvé que très peu d’informations, mais les quelques photos disponibles m ont conquise: nous irons c est certain 😍!! Très peu de personnes se sont déjà rendues dans ce village, la plupart des Iraniens ne connaissent même pas son existence, voilà un défi à relever.
La route principale ou plutôt la piste pour y arriver reste coupée les 2 tiers de l année à cause de la neige présente sur les cols à franchir. Normalement mi mai elle doit être ouverte mais il se trouve que ce n est pas le cas 🤨! Heureusement j ai pu avoir cette info en début de voyage grâce à Mojtaba (chez qui nous étions à Varzaneh) car il a un contact là bas. Depuis, nous ne cessons de modifier notre itinéraire pour repousser le moment d y monter et espérer que la situation s arrangera ! Le problème c est que c est maintenant ou jamais et c est toujours fermé… Par chance on vient de nous indiquer une route alternative, ce sera plus long, mais tant pis, nous irons ! 😁
Ce matin nous commençons donc cette nouvelle aventure ! Ce soir nous dormirons à mi chemin dans un gros village, pour attaquer la partie de grimpette en forme demain. Croisez les doigts pour qu on arrive au bout, quand vous verrez les photos je pense que vous comprendrez pourquoi je tenais tant à y aller… 🤞🤞🤞❤️

27 mai

3 petites heures de route et nous voilà dans un autre décor à 2500m d altitude ! En route les paysages sont devenus de plus en plus verts et les montagnes enneigées de la grande chaîne Zagros sont apparues… magnifique…😍 Nous avons l’impression d’être toujours « en bas » car entourés de sommets bien plus hauts.
Comme toujours en Iran des moments simples deviennent de vrais événements. En route, nous nous garons sur le bas-côté pour une brève pause. Une famille se restaure en peu plus loin sur le coffre de la voiture. On entend glousser… On jette un oeil et on nous fait signe de venir boire un thé. Allons-y ! A l aide du traducteur du téléphone on nous pose des questions, puis on me tend l écran, j y lis « nous sommes à votre service, vous êtes très importants pour nous » ! Whaou et re-whaou on se prendrait pour des stars! Ils sont vraiment incroyables… c est … trop! ❤️❤️❤️❤️
Alors que nous remontons en selle, deux voitures s arrêtent un peu plus loin. Un homme sort et vient en courant vers nous. Il nous parle farsi, on ne comprend rien, on rigole. Il crie et appelle ses amis mimant « photos ». Une dizaines de gars débarquement et nous sommes pris dans un tourbillon de joie, ça gesticule, ça rit, et c est à celui qui posera le plus de fois avec nous et notre monture ! Ils sortent une pastèque et c est la fête ! Ils prennent notre numéro, nous nous écrirons sur WhatsApp !
Voilà comment s arrêter pour 1mn et passer 1h !😂
Nous venons de trouver un petit hôtel qu un local nous indiqué dans un magasin, c etait fermé mais quelqu un a appelé quelqu un et on nous a ouvert. Pour 10€ nous avons une immense chambre avec 3 lits, petit dej, des bouteilles d eau, du thé et café ! Ah oui! Et toujours les fameux 2 WC haha!

28 mai

Allez c est parti !
Nous avons aujourd’hui 132km dont une centaine de piste montagneuse 🏔️, nous tablons sur 5-6h en croisant le doigts. Nous ne somme pas les seuls à prendre la direction des montagnes, c’est période de transhumance 😍.
Un contact nous attend à destination et nous serons logés. Nous n aurons pas internet durant les 2 ou 3 jours à venir.
A très vite en images, en route pour l aventure !

28 mai

Faux départ ! Nous venons de détecter un problème sur notre chaine… tour au « garage », il  faut la changer. Malheureusement le modèle adéquat n’est pas en stock 😭, mais, heureusement le mécano est débrouillard et va nous en adapter une,  il coupe d’un côté, soude de l’autre, Yes!

Nous voilà ensuite partis sur les routes, vers les sommets sans savoir à quoi nous attendre. Plusieurs personnes au garage nous ont dit de ne pas prendre cette piste « c’est dangereux ! » Même si cela nous a fait un peu douter, nous savons de quoi nous sommes capables, et nous savons également qu’en général les populations veulent préserver les touristes pensant que nous sommes des petites choses fragiles! On m’a même dit « vous ne pouvez pas aller dans ce village perdu, vous n’aurez pas de salle de bain » haha, LE critère !

Ainsi nous nous élançons, au début sur une belle route goudronnée dans un magnifique décor. Nous sommes partis avec beaucoup de retard, ce qui n’arrange rien à la pression que je sens monter, néanmoins le paysage me fait tout oublier!

Fin de la route, nous attaquons la piste! Nous sommes dans une région où l’on peut rencontrer les nomades Bakhtiari, et j’espérais sans y croire que nous allions en croiser. Surprise, nous réalisons qu’ils sont en réalité nombreux et nous tombons sur plusieurs camps. La piste est plutôt bonne, nous progressons lentement, environ 30km/H au mieux et nous sommes confiants.

Nous prenons rapidement de l’altitude pour arriver à 3500m de haut jusqu’à des passages où la neige est encore présente en bord de route. C’est incroyable de passer ces cols et d’avoir la vue sur les vallées. Ça grimpe, c’est technique, néanmoins ça va toujours et nous avançons plutôt bien même si ce n’est pas de tout repos car il faut en permanence s’agripper, je suis comme toujours bien ballotée.

Nous réalisons que ces 100 kilomètres vont nous emmener vraiment très loin, avec un sentiment de bout du monde extrême qui ajoute à la tension psychologique. Mojtaba nous suit de loin, car nous lui envoyons un message pour le tenir au courant de notre progression à chaque moment où nous réussissons à avoir un brin de signal. Ainsi nous nous sentons moins seuls,  (à ce moment là du voyage je vois ça comme un avantage, avec le fait que l’on soit attendus, mais plus tard je verrai les choses autrement). Les heures passent sans que nous ne nous en apercevions vraiment, avec toujours cette inquiétude latente de réussir à atteindre notre objectif avant la nuit… Pourtant, même si nous ne nous arrêtons même pas pour grignoter quelques biscuits, nous prenons le temps d’apprécier le trajet et n’hésitons que très peu à nous arrêter un moment, lorsque nous tombons sur une famille de nomades en train d’emballer leur campement pour la transhumance. Ce sont des instants uniques, et nous en profitons pour prendre un peu de repos, nos genoux, nos fesses et notre dos sont déjà bien fatigués. Nous sommes accueillis chaleureusement, ils semblent étonnés de nous voir là, à moto et seuls, et encore plus surpris de connaître le nom de notre destination: « c’est très loin ! » Nous nous arrêtons donc et deux jeunes qui parlent quelques mots d’anglais nous abordent, puis nous invitent à venir prendre un thé sous leur tente. Moments fantastiques, nous sommes complétement dans un autre monde, un peu fébriles mais heureux de cette chance. Une telle plénitude flotte dans l’air… on pourrait rester à des heures, juste à les regarder vivre.

Nous ne pouvons pour autant pas perdre trop de temps, c’est déjà l’après midi et nous n’avons parcouru que la moitié du chemin, la pression monte. La piste se fait alors plus difficile, avec des portions très abruptes, parfois je dois descendre et marcher car la moto peine à grimper. Nous sommes fatigués mais nous devons avancer. Je commence à me sentir vraiment très isolée et un peu « perdue » notamment sur une partie  déserte à l’aspect plus hostile où nous ne croisons plus âme qui vive… C’est dingue il n’y a personne… personne et rien à part cette petite piste qui serpente à perte de vue vers les sommets. Que faisons-nous là, perdus si loin? Nous avons déjà franchi au moins 3 ou 4 cols, c’est incroyable de réaliser comme nous sommes loin…  Nous voguons sans cesse entre 1500 et 3000 d’altitude, et ça monte et ça descend, ça n’en finit plus, c’est incroyable… Nous avons été dans la jungle, dans les steppes, dans les déserts, nous avons souvent été seuls, mais là, j’ai une sensation nouvelle, et quelque peu… saisissante !

Nous approchons la fin d’après-midi et apercevons enfin un village au loin… Le stress monte un cran de plus, il nous reste encore une grosse portion de route et la piste se détériore de kilomètre en kilomètre, nous devons avancer de plus en plus doucement la plupart du temps à 10K/H tout juste. Le paysage redevient vert et beau, nous passons quelques minuscules villages, mais la fatigue se fait vraiment sentir, d’autant que nous allons au ralenti…

Les choses se compliquent encore lorsque nous devons franchir une rivière avec une eau au genoux par endroits… C’est limite mais ça passe. Il est déjà presque 18h, le soleil est déjà bien descendu et dans 2 heures il fera nuit. Nous n’avons plus aucun signal téléphone depuis un bon moment (chose étrange d’ailleurs mon téléphone réagit comme si nous étions passés dans un autre pays !!) , il nous reste encore une quinzaine de kilomètres mais je doute de plus en plus… Si seulement nous avions une tente! C’est ce que je me répète depuis plusieurs heures… Et surtout « si seulement nous n’étions pas attendus », à la fois par notre hôte qui nous attend à destination et par notre ami qui suit le périple message après message… J’ai en tête que le seul moyen de donner des nouvelles est d’arriver  et comme je n’aime ni qu’on m’attende, ni qu’on s’inquiète pour moi, nous devons y arriver !

Nous avançons de plus en plus lentement, même pas 5km/H je pense,  je me sens complétement tendue, la peur pointe son nez… la peur, un sentiment que je n’ai jamais réellement ressenti en voyage, pourtant nous avons entrepris déjà pas mal des périples hors normes… Mais, même perdus au fin fond des steppes de Mongolie à moto, sous la tente à 4500m au Chili, en trek en Papouasie ou sur des pistes isolées de Namibie, j’ai toujours été confiante en nos capacités et je me disais toujours « quoi qu’il arrive on se débrouillera ». Là, cette conviction indispensable à la réussite me quitte. Antony, lui le sent mieux, il y croit et se sent capable d’avancer et de toucher au but, moi je le pense simplement inconscient de la réalité, trop en train de tirer sur les nerfs. Et disons que moi, je vois le gps et pas lui…. Sur une partie encore plus difficile,  nous nous renversons. Nous arrivons avec grand peine à relever la moto, car Antony un peu coincé en dessous ne peut pas vraiment pousser. Nous luttons comme des bêtes pour faire vite car de l’essence s’échappe du réservoir, si nous en perdons trop pour le coup nous sommes foutus, et continuons. La piste est très raide, inondée par endroit à cause de la fonte des neiges et nous avançons à la même vitesse que si nous marchions ! Je dois d’ailleurs marcher à côté de la moto la plupart du temps, mon casque sur la tête, épuisée, et cela dure depuis un moment,  je me sens à bout de forces. Antony, même seul, peine, la plupart du temps il a les pieds posés au sol pour garder l’équilibre et ne pas déraper, c’est pas comme ça qu’on va avancer… Et le pire…. c’est que c’est de pire en pire!

Je vois sur le GPS que nous devons encore franchir un gros col, la route serpente comme jamais depuis la matin, je me dis que ce doit être vraiment très très raide ! L’heure tourne, de nouveau il n’y a plus âme qui vivent depuis un moment, et même s’il ne nous reste que 13 km pour arriver, je suis prise de panique! Et si nous tombons en panne (la moto vient d’ailleurs d’avoir des ratés!) ? Si nous chutons de nouveau? Si nous restons bloqués dans le col? La nuit arrive et nous n’aurons plus le temps de trouver un endroit où dormir ! La température va certainement descendre, nous sommes trempés jusqu’aux genoux, nous ne pouvons nous permettre une nuit à la belle étoile nous n’avons même pas un briquet pour faire un feu…  A l’allure actuelle je pense qu’il y a 99% de chance que nous n’arrivons pas à temps. 13 maigres kilomètres et pourtant…

Cela fait pratiquement 9h que nous sommes sur la « route », à lutter, et je réalise que nous n’avons rien mangé. Cela peut paraître étrange d’être aussi fatigués d’être « seulement » sur une moto, mais le dos, les fesses, les genoux, la concentration, tout ça prend cher en permanence, sur la piste c’est un peu le mode essorage de la machine à laver…  avec de gros godillots à l’intérieur! La peur est bien là, et j’écoute mon instinct, c’est trop dangereux! Il faut certes prendre des risques lorsque nous voyageons comme nous le faisons, mais des risques mesurés. Là, j’ai l’impression que nous franchissons la limite, que nous faisons n’importe quoi,  je ne veux pas tomber du côté de l’inconscience, de la bêtise. Ce serait jouer à pile ou face. La mort dans l’âme, finalement Antony réalise que c’est compromis et nous décidons de faire demi-tour et d’abandonner l’idée de rejoindre le village tant espéré, la piste est beaucoup trop mauvaise… Je suis quelqu’un qui baisse difficilement les bras, mais je crois qu’être « fort » c’est aussi savoir renoncer. Sans une ferme conviction on ne va pas loin.

Nous décidons ainsi de retourner quelques kilomètres en arrière pour rallier le dernier village rencontré, afin d’y trouver refuge pour la nuit. Heureusement, dans un pays tel que l’Iran, et encore plus dans un lieu si isolé, nous ne doutons à aucun moment de pouvoir y trouver hospitalité.

Nous arrivons au village, voyons deux hommes en train de défaire des ballots de paille, les saluons, je mime « dormir ». Instantanément ils nous font signe de les suivre. Nous prenons nos bagages et leur emboitons le pas, enfin,  je peux respirer ! Je suis presque euphorique de savoir que ça y est c’est fini, ça y est « nous sommes sauvés » (c’est le sentiment que j’ai!).  Les villageois se rassemblent sur notre passage, intrigués et amusés, c’est que des touristes, ils n’ont jamais du en voir de leur vie par ici !

On nous emmène vers une petite maison dans laquelle nous découvrons une grande pièce couverte de tapis, avec une petite télé qu’on dirait « vintage », c’est certainement une sorte de salle commune. On nous indique de déposer nos bagages, et on nous en donne la clé, ce sera notre chez nous ce soir, nous n’en espérions pas tant !

Nous avons un maigre signal téléphone par intermittence, il nous permet de donner signe de vie, ouf !

Même si nous sommes éreintés, couverts de poussières, affamés et vidés, et que je n’ai qu’une envie c’est de me laisser tomber au sol et de ne plus bouger, nous ne nous attardons pas, nous avons la chance de découvrir la vie locale de ce village typique, c’est une chance qu’il ne faut pas gâcher. Ces gens sont si chaleureux qu’il faut leur faire honneur. C’est ainsi que nous passons la soirée avec eux, devant leur maison. Ils ne parlent pas un mot d’anglais, mais nous arrivons à communiquer par gestes et avec quelques traductions sur le téléphone. Nous découvrons leur vie, une vie très modeste dans les montagnes, ce sont des nomades sédentarisés.  Nous sommes accueillis comme si nous étions des amis.  Ils ont l’électricité mais les maisons sont vétustes, faites en terre et en roche, empilées les unes sur les autres, pour beaucoup délabrées. Un petit robinet à l’extérieur, il semble n’y avoir qu’un seul toilette pour le village. Ils travaillent en famille et semblent néanmoins tous heureux, très « relax », il émane d’eux de la sérénité. Je ressens un profond sentiment de gratitude, et un élan d’amour envers ces inconnus. Ce soir ils sont notre famille, à ce moment là, pour moi, ils sont… tout !

La nuit fut très difficile pour moi, la tension ne me quitte pas car je pense déjà au lendemain et à la route retour. J’ai l’impression comme jamais je n’ai eue d’être au bout du monde et la sensation d’être perdue que j’ai ressenti sur le passage le plus dur me revient sans cesse. Nous avons franchi une dizaine de cols, c’est incroyable comme en à peine une centaine de kilomètres de route (et donc bien moins à vol d’oiseau!) nous sommes loin ! Les images de la journée défilent dans ma tête, les heures tournent et je n’arrive presque pas à fermer l’œil. Le matin, forcément encore plus fatiguée, je me sens angoissée. Je n’y peux rien, je ne pense qu’à une chose, c’est rentrer et vite ! Pourtant nous aurions pu re-tenter de franchir le dernier col, mais je n’y crois plus, je me dis que ce que nous avons vécu là est déjà beaucoup, et je ne peux plus supporter ce stress. Avec le recul je sais que c’était surtout dû à la fatigue, le manque de sommeil me fait perdre le nord, je le sais, je me connais et pourtant c’est dur à contrôler, quel dommage…. Nous prenons un bon petit déjeuner fait de « pain » (galettes dont le goût me rappelle vraiment les crêpes bretonnes de sarrasin) trempées dans du lait de chèvre tout frais, passons un peu de temps dans le village à observer les habitants, échangeons encore un peu avec nos hôtes, et puis les quittons. J’ai la gorge serrée de savoir que nous ne les reverrons certainement jamais… Nous ne les connaissons que depuis quelques heures mais je ressens pour eux un profond attachement.

Étrangement nous avançons à bonne allure, certainement qu’Antony, bien reposé est plus confiant et négocie mieux les passages délicats. Nous franchissons la partie le plus abrupte et isolée sans difficulté et après ça, je me sens beaucoup plus détendue, comme par magie le stress me quitte en quelques secondes, je vois les choses autrement, et je regrette immédiatement de ne pas avoir poursuivi ou de n’être pas restés davantage  avec la famille… Ou encore d’avoir fait une étape intermédiaire hier en route, c’est vraiment débile de ne pas y avoir pensé ! Je m’en veux… Mais c’est ainsi, il est trop tard. On se rend bien compte là, comme la prise de décisions peut être induite par différentes sensations incontrôlées et irraisonnées…

Ainsi nous décidons de profiter au maximum de cette route retour, nous faisons des poses photos et admirons le paysage, ces montagnes sont fantastiques et la route qui serpente au milieu impressionnante…

Vous vous rendez compte, on est allés tout là-bas derrière les montagnes  ! Tous les deux sur notre petite moto ! Incroyable…

Première rencontre de la journée. Nous nous arrêtons près d’un camp pour faire quelques photos de la vue. Plus loin au-dessus, une jeune fille. Je la salue d’un geste, elle me fait signe d’approcher. Il y  a la maman, et ses enfant. Le papa est dans la montagne avec le troupeau. Ils sont tous très beaux, la peau bronzée et abîmée par le soleil et de superbes yeux bleu-vert qui ressortent comme des perles. On nous offre du thé, du lait, on nous montre comment brasser du yaourt dans une outre fixée sur un trépieds. La dame veut même nous en donner plusieurs litres dans un bidon! Fabuleux moments…

Deuxième rencontre. Nous nous arrêtons photographier une tente de nomades en contrebas sur un sublime panorama. Surprise! Alors que nous nous apprêtons à repartir nous entendons des cris et voyons des personnes faire de grands gestes: ce sont les deux jeunes rencontrés la veille (avec la famille en train d’emballer les affaires, ceux qui parlaient un peu anglais)! Ils nous invite à descendre. Bien sûr nous acceptons avec joie. Nous restons avec eux au moins deux heures, ils nous offrent un repas, nous discutons, Mehran initie Antony à une sorte de combat traditionnel de bâtons (il nous a montré des vidéos c’est super!), les enfants chahutent, bref encore de merveilleux moments à découvrir leur vie… On nous propose même de rester pour la nuit! Très tentant, je m’imagine déjà dormir là sous la tente avec la vue incroyable et les étoiles au-dessus de nous… Nous sommes à deux doigts d’accepter quand nous réalisons que nous ne pouvons pas emmener la moto jusqu’au campement (nous sommes loin, bien plus bas que la piste)… Ils nous disent que quelqu’un peut venir la prendre et la mettre à l’abri dans un autre camp. Nous hésitons , mais c’est une moto de location, même si nous avons envie de faire confiance, nous risquons gros s’il arrive quoi que ce soit, nous sommes contraints de refuser…

Moralité:

« Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir »  ❤️ Confucius

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Mais… je n’ai pas dit mon dernier mot, et j’espère bien revenir un jour terminer ce que nous avons commencé 😉 cela donnera l’occasion de nouvelles aventures!

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Comme toujours n’oubliez pas la vidéo du voyage, ainsi que le portfolio des reportages photos

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