Oui, nous partons en Iran !
Cela fait un moment que nous y pensons, et puis ce n’est jamais le bon moment ! Un coup il fait trop chaud, un coup il fait trop froid, un coup ne nous pouvons pas partir… Nous voilà donc bien décidés cette fois, mais… oups ! C’est en plein ramadan ! Bof, tant pis, ce sera une expérience de plus !
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Quelle idée!
Hormis dans le milieu des baroudeurs éclairés (si si ce milieu existe), où les réactions étaient des « waouh !» des « génial !» et des « vous allez vous régaler !», il faut dire que l’annonce de ce départ a intrigué, ou… apeuré !
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CAS 1 : Est-ce du lard ou du cochon ? (en fait aucun des deux, hein, le porc, on évitera!)
-On part en Iran !
-Hahahahaha….haha…ha … ha ?… … ? Quoi ? Pour de bon ?
Bah oui, pour de bon !
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CAS 2 : Ils ont (encore) pété un câble !
-On part en Iran !
-En Iran ??!! Mais ça craint ça comme pays ! Vous avez pas peur ? Vous êtes vraiment des malades…
Non, l’Iran n’est pas un pays qui craint plus que les autres (et même, en réalité, beaucoup moins que beaucoup d’autres!)
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CAS 3 : La psychose
-On part en Iran !
-Olala… ! Les pays arabes, il faut éviter par les temps qui courent vous savez… ?! ?!
Plusieurs choses sont discutables dans cette phrase, et la première c’est que l’Iran n’est pas du tout un pays arabe. L’Iran c’est la Perse ! (= ne pas confondre « musulman » et « arabe »)
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CAS 4 : L’indigné
-On part en Iran !
-Quoi ? Moi jamais j’irai dans un pays où les gens sont intolérants et obligent leur femme à porter le voile !
Pour ça, on verra plus tard pourquoi c’est assez réducteur comme vision…
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l’Iran, les faits
Je ne vais pas jouer à wikipedia, vous savez où le trouver, mais il faut tout de même expliquer deux trois trucs importants.
L’Iran est une république Islamique. Vous pensez peut-être que ces deux mots ne peuvent cohabiter, et pourtant, la révolution iranienne de 1979 l’a fait ! C’est un système inédit où un président et un Ayatollah se partage la direction du pays. En réalité c’est l’Ayatollah, le « guide suprême » qui est le véritable chef puisqu’il a le dernier mot sur toutes les décisions de l’état.
L’Iran est donc un pays musulman, et même plus précisément Chiite.
Avant la révolution islamique de 79, l’Iran était un pays des plus raffinés, « dans le vent », moderne, laïque, et ouvert sur le monde (tout n’était pas pour autant rose, je ne parle pas là des problèmes qui ont mené au soulèvement du peuple).
Cet événement, même s’il a apporté du mieux à certains niveaux, a malheureusement totalement bridé le peuple en imposant des règles strictes découlant de l’Islam… Les interdictions y sont depuis nombreuses, et les libertés individuelles (encore davantage celles des femmes bien sûr) sont restreintes.
En plus de tous les « classiques », comme pratiquer la prière, le ramadan, l’interdiction de l’alcool et du porc, le port du foulard pour les femmes etc, voici certaines autres contraintes :
-Hommes et femmes ne doivent pas dévoiler leur corps (le tee-shirt commence tout juste a être toléré pour les hommes mais pas partout)
-Interdiction de se faire la bise, et même de se serrer la main entre homme et femme
-On ne peut pas promener son chien dans l’espace public ni le transporter en voiture
-Il est interdit de danser en public
-Les femmes ne peuvent pas chanter en public, conduire de moto ni regarder un match de foot dans un bar
-La musique est contrôlée, de même que les médias en général et les sites internet (les réseaux sociaux, les chats entre autres, sont inaccessibles)
-On ne peut pas parler de tout, beaucoup de sujets sont tabous
Et j’en passe.
La pratique de la religion musulmane est ainsi obligatoire – certaines religions sont tolérées mais proscrites en public (0,6% population).
L’Iran a par ailleurs vécu bien des drames et les derniers ne sont pas vieux. Cette révolution en 79, puis la guerre avec l’Irak en 1980 (800 000 morts en 8 ans…).
En 2015 le pays a commencé à souffler et à s’ouvrir (c’est à ce moment là que le tourisme a pu se développer) grâce à l’accord sur le nucléaire. Pour schématiser, Teheran et les grandes puissances internationales ont établi cet accord qui impose à l’Iran de limiter son programme nucléaire, en contrepartie de quoi le pays peut échanger économiquement avec le reste du monde (ce qui était interdit avant)
Cette accalmie fut de courte durée, et depuis 2018 le pays vit une terrible crise. Tout ceci grâce à ce cher Donald Trump qui a décidé de retirer les États-Unis de cet accord et par la même occasion de rétablir les sanctions à l’égard de l’Iran, visant les banques et le pétrole dans le but très clair d’affaiblir le pays. Ces sanctions sont plus dures que jamais et se traduisent notamment par un embargo sur le pétrole iranien et par l’interdiction, pour une entreprise de n’importe quel pays, de commercer avec les États-Unis si elle fait des affaires avec l’Iran. Autant vous dire que ce chantage a rapidement fait le ménage… Voilà une démonstration flagrante du pouvoir des Etats-Unis.
Le peuple Iranien est ainsi brimé d’un côté et écrasé de l’autre, épuisé par tant de combats à mener, et le quotidien devient extrêmement difficile.
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A ce stade de mes explications, vous vous dites certainement : mais quel est l’intérêt d’aller dans un tel pays, pour voir des gens opprimés et malheureux, ou peut-être même en colère et avec un esprit fermé ?!
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Et bien figurez-vous que les choses ne sont (comme souvent) pas vraiment telles qu’on les imagine !
Figurez-vous qu’il paraît que les gens sont hyper ouverts et tolérants !
Figurez-vous qu’il paraît qu’ils ne sont pas « à fond dans la religion » !
Figurez-vous qu’il paraît qu’il existe mille astuces pour contourner toutes ces lois qui les oppriment !
Et figurez-vous qu’il paraît que c’est un des peuples les plus accueillant, généreux et curieux envers les touristes !
Alors, nous, on a voulu aller voir ça de plus près.
Et puis, si on commence à ne voyager que dans les pays avec lesquels nous sommes en total accord sur les mœurs… On va pas aller loin !
L’Iran, ou « la Perse », pays immensément riche historiquement et culturellement, pays d’architecture, de poésie, de littérature, et d’art en général, avait déjà beaucoup à offrir, mais y faire un voyage ne m’avait pas vraiment traversé l’esprit… Il faut dire que ce qui est toujours présenté en premier ce sont les visites de monuments ou de musées, et nous, on aime bien visiter, un peu, mais ce n’est pas ce qui est primordial. Et puis, je suis tombée sur des blogs et des commentaires qui témoignaient de l’accueil exceptionnel reçu sur place, et c’est ce qui nous a décidés. Pour nous qui plaçons les rencontres et la découverte des peuples au centre de tout, je crois que c’est une destination incontournable.
Depuis, je parcours les forums et les sites web et je ne vois pratiquement que des bons retours ! Je n’ai pas lu une seule fois quelqu’un dire qu’il n’avait pas apprécié son voyage en Iran. Les gens reviennent tous des étoiles plein les yeux, ils semblent envoutés et ne parlent que d’une chose : y retourner ! C’est assez fou, car pour n’importe quelle destination, on trouvera toujours des voyageurs qui n’ont pas aimé. Et ben là, j’ai pas trouvé ! Ça me semble vraiment insensé, ça m’excite et en même temps ça m’inquiète, car la barre est haute sur l’échelle de nos attentes !
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Préparatifs, l’idée générale
Comme habituellement, nous avons naturellement tendu à ne pas faire comme tout le monde ! Oui, vous me direz que la destination, en elle même, c’est déjà ne pas faire comme tout le monde. Bon, ok, mais parmi ceux qui voyagent en Iran, il revient à peu près tout le temps les mêmes points de chute et principalement les circuits s’organisent autour des villes les plus connues. Forcément ce sont des incontournables, et nous irons les voir, mais nous savions aussi que nous aurions besoin de nature, et de petits villages perdus (non touristiques, car là aussi les mêmes noms reviennent tout le temps!) et nous avons (encore!) ressenti le besoin impérieux d’avoir notre autonomie et de pouvoir nous perdre. La moto, comme souvent s’est imposée.
Il a fallu trouver un loueur, et j’ai du farfouiller un moment car ce n’était pas si évident, mais j’ai fini par trouver une agence, « Iran darius ». Les prix étaient un peu trop importants pour nous, mais j’ai pu faire un partenariat et obtenir une belle réduction, youpi ! En Iran on peut conduire une moto jusqu’à 250cc avec un permis voiture, tout est bon !
Nous souhaitions emporter une tente, pour être vraiment libres, mais avons finalement renoncé. L’idée est de voyager « discret » (les voyageurs un peu en marge peuvent parfois faire « peur ») alors déjà sur une moto on va se faire remarquer, mais si en plus on est comme habituellement chargés n’importe comment et jusqu’aux dents ce sera pire ! Nous partons léger, et avons investi dans de vrais bagages motos (deux petites sacoches, un sac réservoir et on nous fourni un top case, en tout cela fait 80 litres).
J’ai fait une ébauche d’itinéraire, parsemé de villes mythiques, mais aussi de coins reculés et j’ai surtout laissé la part belle aux imprévus et aux rencontres, qui je l’espère seront nombreux ! L’idée sera de prendre le temps, le pays est grand (plus de 3 fois la France) alors impossible de toute manière de « tout » voir.
Depuis que je prépare tout ça, je suis déjà entrée en contact avec beaucoup d’Iraniens (via des groupes de voyage Facebook principalement) et il faut dire, que l’accueil est effectivement assez incroyable avant même d’y être ! Si tout se passe comme « prévu » ce périple sera vraiment riche en émotions…
Nous avons installé un VPN sur nos téléphones et notre ordi pour pouvoir accéder à tous les sites interdits (comme Facebook), nous voilà parés ! (je vous en reparlerai au cours du voyage)
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Budget
Concernant le budget, la moto sera notre plus importante dépense, car pour le reste c’est un pays vraiment bon marché, surtout… depuis la crise… C’est malheureux pour eux, mais pour nous touristes, les tarifs sont divisés par trois pas rapport à ce qu’ils étaient avant !
On trouve des vols pour moins de 200€, les nuits en guesthouses sont autour de 15€, on mange pour 1-2€ , l’Iran se retrouve finalement à rivaliser avec l’Asie !
Un voyage en Iran pour environ 1500€ à deux sur un mois est facilement réalisable (vols compris) – et encore je ne vous parle pas du couchsurfing (hébergement gratuit chez l’habitant) qui fait fureur alors même que c’est quelque chose d’interdit et qui permet au final de ne pratiquement rien dépenser (même si le but premier de ce type de logement ne doit pas être l’économie!!)
*Pour convertir les euros en rials il ne faut pas se fier au taux officiel que pratiquent les banques. 1€ vaut autour de 45 000 rials. Officiellement, car comme dans beaucoup de pays instables il y a un marché parallèle pour l’argent, et là, 1€ vaut à peu près 150 000 rials (vous voyez pourquoi les prix ont été divisés par trois pour nous ?)
*En Iran on ne peut utiliser aucune carte bancaire internationale. Nous allons utiliser la carte locale Mahcard, je vous ferai un retour sur expérience. Nous pensions au départ ne partir qu’avec du cash (ce que finalement nous faisons habituellement tout en ayant une CB en secours) mais avons préféré assurer nos arrières en cas de problème imprévu, surtout en voyageant à moto, on ne sait jamais…
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VISA
Il est courant de faire un visa à l’arrivée sans démarche préalable et c’est le conseil qu’on trouve un peu partout sur le net et cela semble bien fonctionner. En réalité ce n’est pas la manière officielle de l’obtenir (j’ai échangé avec l’ambassade pour en être sûre).
On peut faire le visa avant le départ, mais cela implique d’aller à l’ambassade à paris. Ou on peut faire une demande d’e-visa, via le net, et obtenir un numéro d’autorisation qui permet de retirer son visa à l’aéroport en Iran. Ces deux moyens sont officiels. Pour autant comme je l’ai dit, même sans avoir fait de demande, la plupart des visas sont délivrés à l’arrivée, le pays ne pouvant se permettre de se passer du tourisme, les règles sont assouplies. Il arrive même que le e-visa soit refusé (depuis quelque temps il faut passer par une agence pour l’obtenir alors même que cela n’est pas spécifié) mais que le visa à l’arrivé soit donné !
C’est un peu un casse tête, alors au départ j’étais « cool », je me disais qu’on verrait bien à l’arrivée. Et puis j’ai lu des récits de personnes ayant eu des difficultés une fois sur place, des interrogatoires un peu poussés sur leur métier, sur les étapes de leur voyage etc et même des personnes renvoyées chez elles ! Il faut dire que le pays est quand même un peu parano en matière d’espionnage…
Ceci m’a inquiété, pour deux choses. Déjà nous allons voyager de manière un peu marginale (certes, autorisée mais néanmoins cela peut inquiéter), et ensuite mon métier de photographe, qui même s’il n’a rien à voir avec le journalisme peut y être assimilé (d’autant plus que j’ai ce blog…) Du coup, nous avons décidé de passer par une agence et de faire la demande de e-visa. Nous sommes passés par le site iranroute et avons obtenu le numéro d’autorisation sous 5 jours (c’est le site qui prend la plus basse commission : 10€) Sur les conseils de cette agence nous avons tout de même dû « inventer » en donnant un déroulé complet avec les noms des hôtels pour chaque nuit comme si tout était déjà prévu! Non mais, sans rire, j’ai hyper peur que mon métier pose souci… je n’ai pas voulu mentir et donner une fausse activité, de toute façon s’ils vérifient sur le net ils voient direct la supercherie en tombant sur mes sites… Le truc c’est que même avec le numéro d’autorisation il est déjà arrivé (rarement heureusement) que des visas soient refusés !
On verra bien, je croise les doigts pour être convaincante si besoin. Repartir illico en France, ce serait quand même la méga tuile, non ?
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Top Départ le 11 mai, à suivre 😉
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