Harau valley, Sumatra
Le 05/09/13
Réveil à 3h45…. Des courbatures….1km avec la lampe frontale pour rejoindre la route…Notre chauffeur est là (super adorable)…. 90km en 3H (plus rapide que prévu)….vol 50mn….arrivée à Padang, taxi 3h15….
Avec le vol de moins de 30€ nous avons évité 24h de bus!
Le taxi, parlons-en! On avait décidé d’essayer de prendre le bus pour économiser (plusieurs bus, un peu compliqué mais bon..), mais à peine sortis de l’aéroport une dizaine de chauffeurs de taxis nous sautent dessus, et demandent où nous allons. Je dis « Harau Valley, Abdy Homestay » tout de suite « ok,ok 110 000RP » le prix me paraît étonnamment bas mais en même temps je ne sais pas réellement quelle est la distance à parcourir. Nous suivons un des taxis jusqu’à une sorte de guichet. Un autre homme confirme le prix et le lieu où nous allons (on montre même une carte dans le guide), mais disent quelque chose que je ne comprends pas…bizarre… Je redemande plusieurs fois, on finit par dire ok. Avant d’entrer dans la voiture je re-re-re-demande « are you sure we are going to the Harau Valley? » « yes yes ». On monte et au bout de quelques km je m’aperçois qu’il ne va pas dans la bonne direction! En fait il y avait une guesthouse qui s’appelle « Harau » à 1H de là!!! Haaaaaaa! Bon….. Je ne pense pas qu’il l’ait fait exprès, mais du coup on a négocié la course à 350 000 et on est resté avec lui.
Lui, le « crazy driver » comme on l’a appelé! Bon on est encore vivants mais il doit y avoir la marque de mes doigts dans la poignée de la porte! A mon avis il faisait un jeu dans sa tête: doubler le plus de voitures possible avec un bonus si quelqu’un arrive en face! Cerises (au pluriel) sur le gâteau: ma ceinture se casse au bout de 10 mn, et on a pris une grosse averse avec pluie qui entre par les vitres qui ne se remontent pas à fond! Whouuu on est quand même bien arrivés!
Nous voilà à présent à Sumatra Ouest, dans une région où vivent les Minangkabau (une des nombreuses ethnies, ), le plus grand groupe matrilinéaire (qui repose sur l’ascendance maternelle) du monde. Ces musulmans ont réussi à concilier leur religion et leurs traditions, ce qui fait d’eux un peuple unique. Ici les biens familiaux se transmettent de mère en fille (alors que l’Islam ne leur attribue normalement qu’un tiers de l’héritage), ainsi, maison et terres reviennent aux enfants de sexe féminin. Lorsqu’un homme se marie, il doit partir vivre dans la famille de sa femme tenue par sa belle-mère. Comme l’homme habite chez sa femme il ne dispose d’aucun droit ni bien, et sa femme peut le mettre à la porte si elle le souhaite ! Si les femmes semblent détenir le pouvoir, il y a aussi une figure masculine importante, c’est celle de l’oncle. L’oncle est responsable de ses neveux et nièces, et tient également un rôle de chef de clan.
Nous logeons au « Abdi Homestay » (un des rares hébergements du canyon de Harau) chez Ikbal et Noni, un couple de notre âge: 4 petits bungalows au milieu des rizières surplombés par une cascade. Après la jungle c’est la campagne! Magnifique! On pense peut-être rester un jour de plus que prévu pour se poser un peu et se reposer (ben oui…) … A voir.
Le bungalow est mignon, simple et confortable, un petit jeune nous a porté un thermos d’eau chaude, du thé et du café. Salle de bain ok, wc turcs, et « mandi » traditionnel: en Indonésie comme je vous l’ai dit, pas de chasse d’eau, pas de PQ et souvent pas de douche non plus (jusque là nous avions eu des salles de bains pour « touristes » avec une douche). Le mandi c’est comme un petit bassin rempli d’eau avec une espèce de casserole en plastique qui sert à écoper l’eau et à la verser dans les toilettes pour chasser, à se laver le postérieur aux toilettes (toujours avec la main gauche car la droite sert à serrer la main et à manger hein haha ) et à se doucher en se la versant dessus. C’est pas mal en fait, on prend vite l’habitude.
Nous sommes en face d’une antenne relais de téléphone donc on capte plutôt bien internet en 3G!! Génial! Noni est venue nous voir pour savoir à quelle heure on veut dîner et ce qu’on veut manger; Je lui ai dit qu’on aime tout et qu’elle fasse ce qu’elle veut! Elle nous servira sur notre terrasse, sympa non?
Ce fut un repas délicieux, du « poulet rendang » mon nouveau plat favori! Du poulet préparé avec de la noix de coco rappée et toutes sortes d’épices. Servi avec du riz et des légumes mmmhhh un régal. Le tout pris dans une cacophonie de croassements tous différents et bizarres…. Vraiment sympa!
Le 06/09/13 à 15H45
Ce matin, un beau soleil se lève, nous sommes debout tôt pour profiter de notre matinée car depuis quelques jours l’après-midi ça se couvre et il pleut. Nous avons passé une bonne nuit, juste un peu réveillés ce matin par le muezzin (chant d’appel à la prière) vers 4 ou 5h. En effet ici il y a de petits villages pas trop loin donc des mosquées (souvent toutes petites mais qui se font entendre !). Il ne faut pas oublier que le pays est majoritairement musulman, même si c’est assez peu remarquable. Assez peu de femmes portent le voile, et en général ce sont des femmes âgées. Les fillettes à l’école, par contre l’ont toujours mais l’enlèvent dès la sortie de classe. Je ne connais pas bien cette religion mais je dirais que les femmes ont l’air plutôt indépendant en tous cas…
Nous sommes partis à pieds visiter les environs. Toujours ce plaisir à croiser les habitants qui nous accostent et sont ravis d’être photographiés. Encore plus ici car il a peu de touristes qui viennent seuls (sans guide) et qui restent plusieurs jours. Au bout d’une bonne heure nous croisons un homme sur un (ou « une », je ne sais pas) «becak » (une moto avec une sorte de side-car de fortune) qui s’arrête, nous parle (plutôt pas trop mal anglais) et nous propose de nous emmener pour une visite de la vallée. Je lui demande combien ça coûte et il me dit qu’on lui donnera ce qu’on veut car ça lui fait plaisir ! Nous voilà partis avec lui, Antony dans la « voiturette » et moi derrière le chauffeur (car nos 4 fesses ne rentraient pas sur le siège !!). Une visite où nous surplombons la vallée de rizières entourée de falaises. C’est juste magnifique !
A un moment nous nous arrêtons pour faire quelques photos et un vieil homme sort des fourrés avec des feuilles à la main. Il nous fait signe de le suivre chez lui car il va donner ces feuilles à ses poissons ! Génial ! On est invités ! Nous avons passé une heure chez ce vieil homme, assis dans sa modeste maison à regarder les nombreuses photos de lui et de touristes qu’il a dans des albums et dont il est si fier. Il s’avère qu’il a été guide pendant longtemps et accueillait aussi des touristes chez lui. Il a 84 ans (et très peu de dents !), onze enfants, 27 petits-enfants, la grande forme et un rire communicatif ! Sa femme nous a rejoints, elle a 74 ans et il forme un couple vraiment mignon. Nous avons discuté (il parle un peu anglais et notre chauffeur traduisait si besoin), bu du café (nous n’avons pas pu refuser même si on savait que ce n’était pas fait avec de l’eau minérale !), bien rigolé et il nous a même proposé de dormir chez lui ! Une superbe rencontre faite de générosité et de partage… magique… nous leur avons proposé de revenir demain midi avec quelques petites choses à grignoter ; Le vieil homme était ravi ! Nous sommes partis vers midi et le ciel était bien gris ; Ca n’a pas loupé, une averse s’abat sur nous sur le chemin, mais nous avions nos ponchos, donc no problem !
Il pleut toujours…. donc aprem relax, écriture, tri des photos, et discussion avec Ikbal notre hôte, un gars vraiment très sympa. Il fait assez frais, et en ce moment avec cette pluie ça devient difficile de prendre des douches froides ! Quand faut y aller faut y aller !
Le 07/09 /13 à 18H30
Encore une journée vraiment spéciale et pleine de surprises !
Debout vers 6H, après une bonne nuit (nous nous sommes endormis à 20h !!) nous partons au marché dans une ville à quelques kilomètres. Aujourd’hui c’est en scooter que nous nous déplaçons, Ikbal nous a prêté le sien. Promenade dans un joli marché typique où nous sommes encore une fois les seuls touristes. Nous achetons des fruits, goûtons des spécialités, et très vite nous éveillons la curiosité. Les gens sont toujours aussi gentils ; Peu parlent anglais et les quelques mots que nous connaissons d’Indonésien nous sont très utiles ! Nous nous arrêtons manger une assiette de « sate » (brochettes de poulet : ce n’est pas l’heure mais ça a l’air tellement bon !) sur le marché et le bruit se repend que nous sommes là et rapidement plein de personnes viennent nous parler et nous prendre en photos ! L’arroseur arrosé quoi ! Une mamie avec qui j’avais discuté (elle parlait quelques mots d’anglais, c’est la femme voilée de noir ci-dessous) vient même nous offrir des pancakes !! Incroyable même plus besoin d’acheter !
L’heure passe et nous devons nous rendre chez Samsuar, le vieil homme rencontré hier. Nous avons acheté des fruits, des biscuits et des cigarettes pour les lui offrir. Nous ne sommes pas réellement sûrs qu’il ait bien compris que nous revenions chez lui partager quelques victuailles, mais on y va ! A peine arrivés il nous invite à nous asseoir et en quelques minutes sa femme nous porte le repas !! Ha ben oui il avait bien compris et nous attendait ! Du riz et du poisson épicé, un très bon repas, mangé de façon traditionnelle, assis par terre et avec les doigts (j’ai mangé la moitié du repas avec les deux mains avant de réaliser qu’en effet ils ne mangent qu’avec la droite ! Oups !). Une fois le repas fini, Samsuar s’éclipse. Il revient vêtu d’un pantalon de jogging et nous dit de le suivre. En effet hier nous avions vaguement parlé du fait qu’il nous mène visiter les environs. Il n’a pas oublié non plus !
On commence à marcher… Puis il désigne le haut de la montagne et nous dit « panorama , 1 hour climbing » …. Bon ok, allons au panorama ! Nous n’avions pas du tout prévu de marcher, nous avions nos chaussons de plage « amphibies », et seulement une petite bouteille d’eau, mais difficile de refuser ! Nous voilà parti avec un vieillard de 84 ans en tongs, faire ce qui ressemblera plus à un entrainement commando qu’à une balade !!
Nous commençons à monter….monter….monter…. et ce, pendant une très grosse heure dans des chemins que j’aurais jamais cru qu’il serait possible d’emprunter ! En effet c’était parfois d’avantage de l’escalade ! On devait s’accrocher aux racines, aux lianes, la pente était vraiment extrêmement raide, je me suis même demandé si on allait pouvoir continuer ! Lui bien sûr impeccable ! Une ou deux poses de 2mn, pas plus. En haut, en effet un superbe panorama sur toute la vallée d’Harau ; On se pose 10mn ; Samsuar se fume une p’tite clope ; Est-ce que c’est fini et qu’on redescend ? Ben non ! Sur sa lancée il nous emmène visiter toutes les grottes qui se trouvent sur le sommet de cette montagne ! Encore une grosse heure à passer sous des rochers, parfois dans le noir, à monter à descendre, bref un truc dingue ! Nous avons aperçu des singes, vu un nid de chauves-souris et des plantes carnivores. Après ça, la descente, aussi périlleuse que la montée évidemment !
En tout 3h de marche très intense, j’ai les cuisses qui ne sont qu’une douleur, nos tee-shirts sont trempés, on a soif, on a de la boue et des égratignures sur les jambes mais ça valait le coup ! Je pense qu’il était ravi de nous avoir fait cette « blague » parce qu’il répétait « just one hour, hahaha » et partait dans un fou rire. Visiblement ça l’amusait énormément de nous voir fatigués !
Retour chez lui, pour un petit café et c’est reparti pour un tour, il nous propose de nous mener pour une « shower in waterfall » à la cascade qui n’est pas très loin ! On a du mal à se relever mais vu qu’on crève de chaud c’est avec plaisir qu’on y va ! Lui par contre semble péter la forme ! Toujours à fond la caisse avec son rire qui résonne ! Puis vient le moment d’y aller ; Nous le remercions avec un billet de 100 000RP (7,5€) qui semble lui faire un immense plaisir. Il nous tape dans la main et nous confie qu’il n’est jamais allé à l’école car sa famille a été faite prisonnière par les Japonais et que toute sa vie il a été guide et qu’il a appris les quelques mot d’Anglais qu’il connait tout seul. Vraiment un sacré bonhomme ! Une rencontre inoubliable…
*Nous ne le savions pas encore mais nous reviendrons plusieurs fois chez Ikbal, dans ce petit Paradis, et nous reverrons ce papi avec qui nous vivrons encore des moments forts, je parle d’ailleurs de cette histoire dans le livre que j’ai écrit en 2019.
Le 08/09/13 à 15H
Hier soir nous nous sommes écroulés : couchés à 20h, à 20h01 ça ronfle !
Nous avons prolongé notre séjour d’une nuit, donc nous avons devant nous une journée que nous souhaitons « tranquille » ! Nous nous sommes rendu compte que nous n’avons plus de crédit sur le téléphone, il faut donc que nous allions au village où nous sommes allés au marché hier. Ikbal ayant besoin de son scooter, nous décidons de partir à pied , en nous disant qu’on croiserait sûrement un becak en route. En effet après une heure de balade nous avons fini la route à bord d’une de ces carrioles. Avoir fait un bon morceau de chemin à pieds nous a une fois de plus permis de faire de sympathiques photos de femmes travaillant dans les rizières, et également de faire des rencontres.
Le mot sympathique n’est vraiment pas assez fort pour qualifier le comportement des Indonésiens envers nous. Ils font vraiment preuve d’une gentillesse et d’une générosité sincère. C’est réellement touchant. Toutes les personnes croisées nous disait bonjour et voulait savoir ce que nous faisions (nous avons dû dire « hello » 200 fois !). Un groupe de travailleuses en pleine pose repas (ou petit dej !) en bordure de route nous ont proposé (ou imposé ?) de venir goûter leur repas ! elles ne parlaient pas un mot d’anglais mais on s’est compris! C’était très bon ! Un groupe d’ados nous ont abordés pour se faire photographier avec nous , et nous avons croisé quelques connaissances (marrant d’entendre quelqu’un crier son prénom à l’autre bout du monde !).
Nous avons pu recharger le téléphone pour un mois d’internet, et à priori cette fois il n’y a pas d’erreur c’est bien un « full internet paket » à seulement 50 000RP soit 3.5€. Le vendeur ne parlait pas anglais mais heureusement nous avons rencontré notre ami conducteur de becak (d’hier) qui a fait interprète.
Cet aprem c’est repos ! Antony a des commandes à passer pour des clients (c’est cool qu’il puisse bosser à distance !) et moi toujours mon travail photo, site etc
Demain départ pour le Lac Maninjau, toujours en pays Minang, à 2 ou 3H d’ici.
Pour conclure je dirais que la Vallée d’Harau est une étape à ne pas manquer si vous aspirez à un peu de calme, de repos et à beaucoup de jolies rencontres ! Restez y plusieurs jours, ça vaut le coup !
Le Abdi Homestay est un super point de chute: confort, calme, beauté du lieu et petit prix: 100 000 RP (7,40€) avec les petits dej, thé et café à disposition (depuis s’est s’est agrandi et il y a un petit restaurant chez eux). Les dîners sont également succulents et copieux! Ikbal est un homme vraiment gentil et Noni sa femme bien que plus timide est odorable. Au moment de nous faire payé il nous dira simplement de donner ce qu’on veut pour les repas du soir car étant donné qu’on n’avait d’autre choix que de manger chez lui, il ne pouvait pas nous imposer un prix! Si ça ce n’est pas une mentalité exemplaire!