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Vrindavan

*Retrouvez les veuves blanches dans le livre que j’ai publié début 2019!

 Vrindavan, ses veuves blanches et Holi

Vrindavan

Nous sommes toujours dans l’Uttar Pradesh. Vrindavan est également une ville sainte, c’est selon la légende le lieu où Krishna a passé sa jeunesse.

Cette ville est devenu un lieu de refuge pour des milliers de « veuves blanches ».

Il faut savoir qu’en Inde perdre son mari est la pire chose qu’il puisse arriver. La vie d’une femme Indienne dépend de son mari qu’elle doit généralement voir et honorer tel un Dieu.

Ainsi une femme qui se retrouve veuve a l’impression de cesse d’exister aux yeux de tous car d’une part elle perd tout, et d’autre part selon la tradition elle est rendue responsable de la mort de son mari. Elle n’aurait pas réussi à retenir son âme… Autrefois elles étaient même obligées de s’immoler par le feu, se jetant sur le bûcher avec le défunt, on appelait cet acte la « sati ».

Aujourd’hui c’est interdit et les mentalités évoluent, mais ces veuves sont encore  souvent connues pour porter malheur et surtout en tant que femme seule elle n’ont plus vraiment d’identité. Leur belle famille (de qui elles dépendaient désormais depuis leur mariage) bien trop souvent les chasse ou les maltraite. Elles n’ont le droit de posséder aucun bien et sont vouée à vivre recluses vêtues de blanc.

Il arrive parfois que certaines réussisse à retourner dans leur famille, par exemple chez leurs parents si elles les ont encore pour les plus jeunes ou chez leurs enfants si ils sont mariés et si eux même et leur conjoint les acceptent. Lorsqu’elle ont encore des enfants à charge leur vie est difficile car elles doivent trouver les moyens de continuer à les éduquer alors même qu’elle n’ont plus vraiment (ou même jamais eu) leur place dans la société. Parfois elles sont contraintes de les abandonner à leur belle-famille… Mais ces femmes savent faire preuve de courage malgré la honte et l’isolement.

Pour les plus seules  (et elles sont nombreuses) elles errent dans les grandes villes devenues sans abri,  récitant des mantras et demandant l’aumône.

Elles viennent par milliers se réfugier dans la ville de Vrindavan où elles espèrent trouver refuge dans un des sept ashram et réussir à expier leur pêcher en se dévouant à la religion. Ces ashram leur permettent d’avoir un abri mais dans des conditions souvent terrible… Alors elles vivent des restes de nourriture des voisins et prient sans cesse espérant trouver le salut. Certaines arrivent parfois à se louer une petite chambre mais leur situation est toujours précaire.

Une loi serait en préparation pour améliorer leur sort… En effet de nombreuses ONG travaillent en ce sens et aident quotidiennement au « confort » de vie des veuves blanches.

Si nous sommes venus dans cette ville c’est pour y rencontrer ces femmes.

En effet alors que nous n’avions même pas encore eu l’idée de venir en Inde, nous sommes tombés sur un documentaire bouleversant.

Son titre est tout a fait évocateur : « L’Inde, le pays qui n’aimait pas les femmes ». On y voit des femmes maltraitées, battues, violées, et ces fameuses veuves rejetées par leur famille. Des choses horribles mais des images splendides, une atmosphère, une lumière, un pays qui évolue malgré tout, une force, des messages d’espoir et de courage.

J’ai décidé sur le champ qu‘il fallait que j’aille photographier (et ainsi mettre en lumière) ces femmes bannies.

Après quelques recherches sur le net j’ai contacté deux ONG pour leur proposer un reportage photos, « Maitri India » m’a tout de suite répondu et nous avons pu établir les modalités de notre séjour.

C’est dans l’Ashram principal de cette ONG que nous allions passer quelques jours.

Maitri recueille plus d’une centaine de veuves, leur offre un toit dans des conditions descentes, un repas par jour et quelques fournitures. Le premier ashram compte 70 veuves âgées. Un second est en construction et pour l’instant il y a déjà 40 veuves plus ou moins vieilles qui y vivent et 70 qui viennent de l’extérieur juste pour un repas ou pour y trouver de l’aide.

Ces trois journées sont passées bien vite. Nous avons vécu des moments hors du commun, eu la chance de rencontrer des personnes fabuleuses et nous ne les oublierons pas.

Merci à Maitri de nous avoir reçus comme des rois!
Nous avons pu voir des femmes meurtries, des passés douloureux, des vies brisées. Des yeux au regard vide et perdu parfois, plein d’espoir aussi et surtout une forte envie d’être aimées et cajolées. Que ces femmes sont attachantes !
Elles ont pu dans cet ashram retrouver un peu de calme et de paix. J’ai l’impression qu’elles ont en quelque sorte trouvé là une nouvelle famille. Elles s’épaulent et se soutiennent pour certaines, se donnent la force de continuer même si je sais que leur cœur est toujours lourd car tout cela ne peut effacer le poids de leur destin. On les voit sourire tout de même, prier ensemble et parfois se taquiner. Je pense qu’elles ont, pour les plus optimistes, de vrais moment de joie dans cette maison. Il y en a même quelques unes (peu) qui osent porter un sari coloré.

Ce séjour et cet ashram m’ont beaucoup fait penser à me grand-mère qui est dans une maison de retraite plutôt confortable où elle ne manque de rien, et qui est toujours gaie et prête à faire la fête. Elle se serait fait des copines ici ! Elle a la chance de nous avoir et d’être entourée . C’est triste de voir ces petites mamies abandonnées…

Découvrez le portfolio dédié au reportage en noie et blanc

Holi

Le moment où nous avons programmé ce séjour n’était pas innocent, il a même été le point central de l’organisation de ce voyage.

Ce point est le 23 mars, jour où la fête Hindouiste de Holi est célébrée cette année.

Holi est la « fête des couleurs ». Elle permet de célébrer l’équinoxe de printemps mais aussi symboliquement la victoire du bien sur le mal. Elle est fêtée dans toute l’Inde mais particulièrement dans la région de Mathura (où se trouve Vrindavan) et s’étend sur deux jours durant la pleine lune.

Le premier jour des feux se joie ont allumés et le deuxième les gens se baladent et se jettent des pigments ou des eaux colorés dessus (idée reprise par le « color run » et diverses pubs télé en ce moment). En fait dès que les pigments sont en vente au bord des routes on peut voir des gens couvert de couleur dans les rues !

Autant vous dire que cet événement étaient photogéniquement parlant prometteur pour moi…

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Prometteur oui, mais au final après avoir lu plusieurs textes et récits à ce sujet il s’avérait que cela pouvait être également dangereux… Il faut savoir qu’en ce jour spécial les gens sont plongés dans une atmosphère d’euphorie un peu spéciale. Dans un pays où le poids des traditions est très présent, où les castes et les religions déterminent la place de chacun ce jour est un événement car tous les êtres humains sont égaux. En pratique cela veut dire un relâchement total et beaucoup d’excès… Alcool, drogues et une foule compacte où on peut vite se retrouvé « coincé » surtout en tant que « blanc » et encore plus en tant que « femme blanche »… Il y a même des Indiens qui ne participent plus pour ces raisons. Bref l’attrait du départ a été vite modéré et il a fallu trouver une solution pour vivre cette fête d’une autre façon. Une d’entre elles était de fêter ça entre touristes comme ça se fait bien souvent (les hôtels organisent ça) , mais vous l’aurez deviné nous n’y voyions pas bien l’intérêt !

Notre passage à Vrindavan a facilité les choses, puisque je savais que les veuves habituellement en marge des événements sont nombreuses à fêter Holi dans cette ville. La directrice de l’ONG me l’a confirmé et m’a dit qu’ils organisaient même une cérémonie spéciale dans l’ashram (de façon à ce que les veuves ne soient ps trop bousculées)

Nous ne savions pas vraiment comment cela allait se passer techniquement (tout comme l’ensemble de notre séjour là-bas en fait!) mais nous avons décidé de passer Holi en compagnie des veuves blanches.

Carnet de route :

Dure réalité à la gare :

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Nous sommes partis d’Agra en train. Départ prévu à 10H15, et finalement effectif à plus de midi ; Nous avons passé trois heures à attendre dans la gare et je dois dire que ce n’est pas un très bon moment à passer.

La première fois que nous avons pris le train tout s’était passé vite alors nous n’avions pas eu le temps de voir la misère qui règne. Heureusement nous avons trouvé un morceau de banc où nous asseoir, d’autant plus qu’Antony ne se sentait pas bien (chacun sa journée « turista »!) et devait parfois même s’allonger. Au début j’ai fait quelques photos et puis…

Il faisait chaud, des centaines de mouches tournaient partout et parfois nous recevions des relents nauséabonds en pleine figure. Le temps nous a paru long… S’ajoute à ça la misère humaine. Des enfants dans un état terrible, les vêtements sales et déchirés, la peau maculée de crasse avec une odeur qu’on peut parfois difficilement supporter viennent tendre la main et vous implorent de longues secondes les yeux dans les yeux… Ils ne sont pas nés au bon endroits et leur vie promet d’être « longue »… On voit aussi passer des estropiés qui rampent au sol, bref des moments vraiment pénibles. Pourtant autour il y a du monde, des gens bien habillés, des saris colorés, des voyageurs, des gens qui sont heureux, mais à ce moment là on ne les voient plus vraiment. Il faut sans cesse dire « non » avec un sentiment coupable, qui même s’il est inutile reste présent. Derrière tout ça il y a souvent des réseaux mafieux, et donner de l’argent à un gamin morveux voudra dire enrichir un sale mec qui profite d’eux. Et puis même. Donner 1 roupie, ou 10, ou 100 ou même 1000 à ce gosse ne changera malheureusement pas grand chose à sa condition et à celle des autres autour…

Notre train est enfin arrivé, classe « sleeper » comme l’autre fois, mais une ligne sûrement beaucoup plus fréquentée qui attirent les estropiés de la vie qui n’étaient pas présent la fois passée. On a beau essayer de regarder par la fenêtre on sent la présence de ce gamin à quatre pattes qui nettoie le sol du train dans l’espoir de recevoir une pièce, ou ce cul de jatte qui passe en chantant et en remuant sa coupelle… L’heure de trajet est passée vite mais c’est un nœud dans la gorge et refoulant mes larmes que je l’ai vécue.

Enfin, ne vous en faites pas, malgré ça j’adore ce voyage et je n’aurais tout de même pas échangé ma place avec quelqu’un d’autre !

L’Inde c’est ça… Il faut surmonter, passer à autre chose, continuer et trouver le « beau ». Ici tout est « concentré » alors cela paraît plus dur, mais finalement c’est ce que nous faisons aussi chez nous, non ? On voit parfois le malheur autour de soi, la misère est moindre mais elle est dans nos rues aussi, les informations télévisées nous montrent des horreurs partout dans le monde, et pourtant..  Il faut bien faire avec….

Maitri

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Un rickshaw nous a déposé devant le grand portail de l’ashram de l’ONG Maitri. Nous découvrons un bâtiment rouge récent. J’étais un poil stressée tout de même car je ne savais pas exactement où nous mettions les pieds, quel serait l’accueil et comment allait se dérouler ce séjour. J’avais communiqué par email avec la présidente qui a son bureau à Delhi et je ne savais pas sur place à qui nous aurions à faire et si notre venue était bien acceptée.

A peine entrés et sans même que nous ayons à nous présenter un homme au cheveux oranges (lorsqu’ils ont des cheveux blancs certains hommes se mettent du henné) nous a salué les mains jointes comme ça se fait ici, et fait signe de le suivre. Nous avons monté deux étages, il nous a ouvert une porte et fait signe d’entrer. Nous avons découvert une très grande pièce bien propre avec deux petits lit, une table, des chaises et une salle de bain lumineuse, voilà notre « guest room », vraiment super. Il nous a proposé à boire. Il ne semblait pas parler trop bien anglais alors j’étais assez gênée car je ne comprenais pas trop les quelques phrases prononcées. Je ne savais pas trop quoi faire non plus… Rester dans la chambre… Sortir…

Du coup j’ai demandé s’il pouvait nous faire visiter. Antony encore patraque s’est allongé et moi je l’ai suivi. Nous sommes passés de chambre en chambre (une douzaine ) et j’ai pu faire connaissance avec les veuves recueillies. A ce moment là, lorsque j’ai croisé leur regard et découvert leur sourire, lorsque certaines m’ont spontanément tendu les bras et serrée contre elle j’ai su que nous avions bien fait de venir. L’homme qui m’accompagnait (je ne sais plus sa fonction exacte) était lui aussi accueilli avec beaucoup de plaisir. Nous entrions dans une chambre, et disions « radhe-radhe » (qu’on dit à chaque personne croisée et à chaque fois !) en joignant les mains, les veuves faisaient de même et pour certaines elles venaient vers lui (et moi) les bras ouverts et disaient « ho baba » en se jetant dans les bras de l’homme (je l’appellerai d’ailleurs ainsi, « baba » pour la suite du récit car je n’ai pas compris son nom!) . On voit combien elles ont besoin de contacts affectueux.

J’ai repéré tout de suite quelques visages extraordinaires… Leur regard est pour certaines pétillant, pareil à celui d’un enfant le jour de Noël, et pour d’autres plus triste ou perdu, mais on voit pour la plupart qu’elles sont ravies d’avoir de la visite, ça fait vraiment chaud au cœur…

Après ça j’ai rencontré le directeur, un homme très sympathique, et une autre femme en charge, Yadosha, qui m’a suggéré d’aller me reposer dans la chambre. Parfait, nous avons ainsi repris des forces pour les trois journées à venir.

Nous nous sommes bien reposés et puis la nuit est tombée et nos estomacs réclamaient à manger d’autant plus que notre repas du midi ne s’était composé que de quelques biscuits ! Nous ne savions pas vraiment comment cela allait se passer… Au bout d’un moment Baba est arrivé et nous a parlé de repas dans 30 minutes mais nous ne comprenions pas où il fallait aller. Je lui faisait des signes et lui demandais en anglais s ‘il fallait descendre ou attendre ici et il me répondait en dodelinant de la tête comme le font les indiens lorsqu’ils parlent, mais nous n’arrivions pas à être sûrs de la réponse ! Nous avons un peu attendus et au bout d’un moment un homme et une femme adorables sont arrivés avec deux plats de thali et nous ont installés sur notre table. Nous étions déçus de manger là seuls, mais nous n’avons osé rien dire car ils étaient vraiment aux petits soins pour nous alors nous ne voulions vexer personne. Il restait encore trois soirs, il serait temps de rattraper ça plus tard  pensions nous!

Journée 1 : Holi

Dès 5H30 du matin l’ashram s’est animé, les clochettes de prières tintent et ça piaille. Nous sommes descendus vers 7H dans la salle commune. Baba nous a tout de suite proposé du thé . Une grand-mère était assise devant l’hôtel religieux commun et lisait un recueil de prières. Elle était trop belle toute petite avec sa peau fripée et se lunettes ! Je l’ai photographiée puis elle m’a fait signe de venir m’asseoir au sol près d’elle. Là elle m’a fait une sorte de bénédiction, puis elle a commencé à me parler avec un doux sourire. Bien sûr je ne comprenais rien , mais ça ne l’a pas empêchée de continuer quelques minutes, les yeux dans les yeux. J’avais beau ne pas la comprendre son regard me disait des choses. Un moment vraiment émouvant et surréaliste.

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Ensuite nous avons assisté aux préparatifs de Holi. Des pétales de fleurs ont été rassemblées (dans l’ashram on utilise très peu de pigments en poudre et pas du tout d’eau colorées qui tâches vraiment trop) et devant la porte, des mandalas ont été dessinés avec ces mêmes poudres colorées.

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Au fur et à mesure que la matinée avançait l’ambiance devenait de plus en plus festive. Il y avait de la musique et quelques veuves commençaient à danser et à s’amuser. Les plus turbulentes essayaient de voler un peu de poudre pour la jeter à la tête des copines (et se faisaient gronder ensuite!) Je leur ai fait des photos et elles étaient toutes ravies. J’ai repéré les plus souriantes et les plus câlines, elles sont adorables, et d’autres sont plus réservées mais dans l’ensemble l’humeur étaient bien joyeuse.

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Ensuite des musiciens et chanteurs sont arrivés. Puis, pour finir la fête a été ouverte avec l’arrivée  de la présidente Winnie Sight (avec qui j’avais correspondu) venue de Delhi. Accueil en fanfare, des fleurs et poudres ont été jetées, elle et son mari étaient assaillis de toutes parts par ces femmes qui voulaient toutes une étreinte. Elles semblent vraiment l’aimer beaucoup (ce qu’on comprend!).

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Le cortège est ensuite entré dans l’ashram et là durant environ une bonne heure ce fut la fête ! Musique, chants, danses, on jette des fleurs tout le monde rit et s’amuse. J’ai adoré voir ces vieilles femmes qui ressemblaient alors à de petites filles coquines. C’était juste génial, du bonheur à l’état pur… Certaines étaient vite fatiguées et suivaient la fête assises au sol et d’autres avaient l’énergie pour danser encore et encore. Elles étaient aux anges quand je les prenais par les mains et dansais avec elles.


Après ça un repas a été servi aux veuves et puis Winnie m’a dit que nous prendrions le notre ensuite en haut avec les autres invités (des personnes venues pour cette journée). J’en ai profité pour lui dire que si c’était possible à l’avenir nous aimerions manger avec les veuves et non pas comme des invités. Elle m’a dit qu’il n’y aurait pas de problème et que les grands-mères allaient être ravies. Elle m’a aussi dit que si nous avions besoin d’aller où que ce soit quelqu’un nous conduirait et nous guiderait… Tant de gentillesse à notre égard en devenait gênant…

Je n’ai malheureusement pas eu le temps d’échanger davantage avec elle car elle repartait aussitôt à Delhi… Dommage j’avais des tonnes de questions sur la vie de l’ashram…

Le seul bémol de ce séjour aura été de n’avoir personne qui parle vraiment anglais, d’une part pour les explications et d’autre part pour pouvoir traduire et ainsi parler avec les veuves.

En fin d’après midi nous sommes descendus mais les veuves étaient « occupées » certaines étaient parties faire un tour, d’autres dormaient ou regardaient la télé dans la grande salle. Puis juste avant le repas nous sommes passés devant les chambres et avons fait des « coucou » par les portes entrouvertes. Ca ne ratait pas, à tous les coups on nous invitait à entrer et à nous asseoir sur un bout de lit. Elles nous ont montré leur hôtel personnel pour prier. Elles essayaient de nous parler et bien sûr on ne comprenait rien ! La seule chose qu’on ait pu réussir à percer a été le nom de la ville d’où elles venaient (beaucoup de Calcutta, mais sinon de partout en inde). En tous cas à chaque fois elles étaient super contentes et encore plus quand je les prenais en photos. Il y en a même une qui a essuyé quelques larmes… Que d’émotions ces femmes ! On imagine difficilement ce qu’elles ont du vivre avant d’arriver ici… Certaines ont du passer des années dans la rues, c’est terrible. On comprend très bien le besoin d’affection dont elles font preuve.

Telles de vraies mamies certaines nous ont proposé des biscuits et il y en a même une qui nous a préparé un sachet de cacahuètes et autres graines salées et elle a bien sûr tenu à ce qu’on l’emporte malgré nos protestations !

Qu’est ce que nous avons regretté de n’avoir rien à leur offrir ! J’avais posé la question avant de venir pour avoir une idée de ce qui leur ferait plaisir mais n’avais pas obtenu de réponse. Au final nous sommes venus les mains vides nous disant que nous trouverions bien sur place. Sauf que l’ashram est un peu loin de tout et que nous n’avions pas plus d’idée  à ce moment là, trouver une centaine de cadeau n’est pas si facile !

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En passant dans les chambres avons remarqué que certaines se faisaient la popote, et nous avons compris que ce serait raté pour le repas en commun. Elles ont un seul repas par jour fourni et pris toutes ensemble qui a lieu le midi, pour le reste chacune fait comme elle veut avec ce qu’elle a. Après ça je suis allée jeter un œil à une sorte de cérémonie de prière qu’elle pratiquent le soir toutes ensemble dans la salle commune devant l’hôtel. Mantras, clochettes et percussions le tout dans un rythme lancinant comme c’est souvent le cas pour prier.

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Notre repas nous a été servi dans notre chambre par notre adorable cuisinière qui s’inquiète sans cesse de savoir si nous aimons la nourriture ou si nous en voulons un peu plus. Une gentillesse incroyable là encore…

Journée deux: Holi bis

Comme le premier jour nous sommes descendus tôt boire notre thé en observant la vie quotidienne du lieu.Nous avons retrouvé la même mamie assisse par terre au même endroit à lire ses prières. Nous avons échangé pas mal de « rade-rade » et de sourires, de bon matin cela fait beaucoup de bien !

A 9H nous sommes partis avec Yadosha pour l’autre ashram qui se trouve dans la ville de Radhakund à 25km. Pour y aller nous avons du prendre plusieurs rickshaw et voyager pendant environ 1H30. Cela nous a offert quelques expériences bien typiques comme par exemple être entassés à vingts personnes sur ces petits engins ! Si je vous jure c’est possible !! En Inde rien n’est impossible ! Secoués et serrés comme des sardines et recevant des nuages de poussière en pleine figure, mmmhh ça réveille !

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Sur la route nous avons pu remarquer que le jour du Holi est tout proche, les visages et les vêtements sont déjà souvent tâchés et d’ailleurs nous avons été pris pour cible quelques fois.

Lorsque nous sommes arrivés la fête a commencé. Bien plus simple que la veille mais vraiment très authentique et agréable. Chants, musiques, danses et puis le coup d’envoi est donné, ici on utilise de la poudre. On ne se l’envoie pas à la figure mais on tartine le visage du voisin avec les mains ! Résultat haut en couleur, même les vieilles femmes les plus renfrognées avaient ainsi l’air bien plus joyeuses.


Ensuite rien de spécial, nous avons fait un petit tour dans la ville (remplie de pèlerins) et puis nous avons du attendre « «l’heure de repartir » (je n’ai pas bien compris pourquoi) et nous avons trouvé les temps un peu long car il n’y avait plus grand monde sur place. Au retour nous nous sommes à nouveau fait bombarder sur la route, cela prend des allures de guerre avec des pistolets à eau dissimulés et chargés d’eau colorées .

Journée  3 :Encore Holi!

Pour cette dernière journée nous n’avions pas de programme défini. Rester à l’ashram ? Sortir « voir » Holi au risque de nous retrouver en pleine cohue ? Finalement à force d’entendre des chants venant de la rue nous avons décidé de sortir, d’autant plus qu’il nous fallait absolument trouver un taxi pour le lendemain (chose que Yadosha nous avait annoncée comme impossible à cause de Holi!). Une fois devant le portail nous avons simplement suivi un des nombreux groupes qui passaient sans savoir où nous allions. Pour Holi les hindouistes défilent pieds nus en disant des mantras ou des « radhe-radhe » ou bien « Hare krishna », si j’ai bien compris ils font une sorte de pèlerinage de 20km. Sur le chemin d’autres les aspergent de couleurs. Nous avons marché un moment découvrant une partie de Vrindavan. On voit bien que le coin est plutôt pauvre, il y a beaucoup de personnes qui mendient sur le bord de la route (dont des sadhus et des veuves) . Il n’y a rien de spécial à voir si ce ne sont les très beaux temples qui attirent de plus en plus de touristes . Nous avons fini par rejoindre ce que nous avions vu sur un plan comme le « taxi stand ». Nous y avons trouvé quelques petites agences de tourismes et transport et avons pu réserver un taxi non sans mal car les gens ne parlent pas trop anglais ! Ce coin là était animé et nous avons essuyé quelques bombes à eau et jets de poudre ! Heureusement que j’avais emballé mon appareil dans un plastique. Il n’y avait pas foule, les gens se déplacent par petits groupes et l’ambiance est vraiment bon enfant. Les gens croisés étaient très sympas, ils nous souhaitaient un « joyeux Holi » et plusieurs ont voulus se photographier avec nous et d’autres que je les photographie.


En tous cas ce coin là n’a pas l’air risqué pour fêter Holi, c’était vraiment chouette. Ensuite nous avons poursuivi notre chemin et sommes retournés à l’ashram.

Juste avant d’arriver j’aperçois derrière un mur des sortes de maison blanches assez décrépies, voire abandonnées et devant l’une d’elles des hommes en blanc assis , le tout dans une scène de vie pittoresque qui a forcément attiré mon oeil. J’essaye de photographier mais c’est trop loin. Un d’entre eux me voit et nous fais signe de venir en passant par une portail sur le côté. Nous avons hésité quelques secondes, ayant de réflexe de nous dire qu’ils allaient nous demander de l’argent et puis le coin était un peu « spécial ». La curiosité était trop forte nous y sommes allés. Nous avons bien fait car nous avons passé quelques minutes sympathiques avec un groupe de Sadhus. Ils parlaient quelques mots d’anglais et nous ont posé des questions. Je les ai photographiés et filmés et ils étaient contents. Une brève rencontre agréable !

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De retour à l’ashram juste avant le repas nous avons enfin pu manger avec les veuves. Nous leur avons distribué des paquets de biscuits achetés le matin, ça leur a fait plaisir. L’après-midi elles se reposent alors nous aussi !

En fin de journée nous sommes descendus pour voir un peu si elles étaient là. Certaines chambres étaient fermées, un groupe regardait la télé et d’autres priaient. Pas grand monde mais finalement nous avons passé un moment à faire des selfie avec une des veuves. Elle arrêtait pas de nous mimer (et de nous dire) qu’elle voulait qu’on lui envoie les photos pour les mettre dans sa chambre . Ca c’est sûr on leur enverra ! J’aimerais même revenir leur porter !

Puis nous avons vu une mamie qui me plaît trop car je trouve qu’elle a une tête coquine avec ses lunettes doubles foyers tenues par un élastique. En plus elle est super moderne c’est la seule qui parfois ne porte pas de sari. Non seulement elle met de la couleur et en plus elle porte des robes, je crois que c’est vraiment rare  d’oser faire ça! Donc nous la voyons, elle nous parle, on rit, dialogue de sourd, comme d’hab. Puis je lui montre que j’ai un vernis à ongles et propose de lui en mettre. Elle m’attrape, m’emmène dans sa chambre, me fait asseoir sur son lit et attrape le flacon. Heu… Ah oui en fait elle veut m’en mettre à moi ! Bon ok. Quelle partie de rigolade ! Je pense que ses doubles foyers ne sont pas suffisants car il y en avait autant à côté de mes ongles que dessus. Elle était morte de rire. Elle n’arrivait même pas à viser pour tremper le pinceau dans le flacon. A la fin elle voulait même me faire un bindi sur le front ! Comme je protestais elle avait l’air de me dire « c’est pas grave après tu te laves ». Quel bon moment j’ai passé, elle est trop belle et trop géniale cette mamie.

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Qu’est ce que je regrette de ne pas avoir de petit cadeau à leur donner… On a bien des portes-clés tour Eiffel mais pas assez…

Après ça nous avons regagné notre chambre, pris notre repas et puis après une bonne nuit le moment de partir est arrivé.

Voilà que s’achevait notre séjour si spécial parmi les veuves blanches…

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